Les troubles de l’anorexie
n’apparaissent pas dans les pays en voie de développement. Partout où manger
est une question de survie, la nourriture est associée à la vie. La seule
obsession possible concerne la peur de manquer, de ne pas avoir assez et donc
de mourir. Chez nous, la nourriture est associée au plaisir et à l’excès. On
cherche davantage à contrôler sa consommation de viande, de graisse, d’alcool,
on veut maîtriser son corps. À l’opposé de ce comportement, certaines personnes
mangent constamment, sans faim. Elles finissent par faire ce qu’on appelle le
grignotage, des crises de fringales ou de l’hyperphagie.
Dans nos pays, où
se nourrir ne relève pas de la lutte, on développe le culte de l’image de soi.
La femme est mince, capable d’asservir son corps avec des régimes amaigrissants
et une discipline hors du commun. L’idéal féminin est ainsi représenté.
Que s’est-il passé
dans nos sociétés pour que le rapport à la nourriture soit corrompu ?
Ailleurs, manger
est indispensable à la survie. Il faut parfois se battre pour avoir un bol de
riz ou boire un verre d’eau.
Chez nous, tout
est accessible, le riz, l’eau, le pain, les friandises, etc. On en arrive même à
associer la nourriture à la maladie, à l’obésité, aux troubles cardiovasculaires,
au cholestérol…
La nourriture n’est
plus une question de survie. On l’associe au plaisir et en même temps, ce
plaisir peut être préjudiciable. On finit par évoquer les excès de l’alimentation
et ces effets néfastes pour la santé, alors, manger cesse d’être un bien pour
le corps et l’esprit.
Le culte de l’image
nous enseigne que pour obtenir un corps idéal et mince, il faut contrôler son
poids et faire des régimes. La nourriture est encore montrée du doigt.
D’après une étude
menée en Belgique, l’anorexie mentale concerne en majorité des jeunes filles de
statut socio-économique élevé et vivant dans un environnement compétitif.
Toutes les conditions sont réunies pour fabriquer un esprit torturé. Ces jeunes
filles subissent à l’âge de la puberté des transformations corporelles. Au lieu
d’accueillir ce changement comme une transition vers l’âge adulte et donc vers
la réalisation de soi, elles y voient le risque de ne plus pouvoir contrôler
leur corps. C’est à ce moment-là que les jeunes filles commencent à bouder leur
repas. Le rapport à la nourriture va devenir de plus en plus difficile. C’est l’heure
des premiers régimes, des prétextes inventés pour ne pas venir à table, ne pas être
pris en photo, etc.
Il s’opère un véritable
changement de comportement social. L’image que l’on se fait de soi est souvent
erronée et il va falloir rééduquer l’esprit à une meilleure conscience de soi.
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